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vendredi 10 juin 2011

La Libye: et si on expliquait tout aux Français?

Tout commence à Benghazi


Le 17 février 2011, la ville libyenne de Benghazi, située  à l'est du pays, se soulève et brûle des portraits de Mouamar Kadhafi. On pense alors que le puissant vent de révolution qui a soufflé en Tunisie et en Égypte va balayé les 40 ans de règne sans partage du colonel Kadhafi.
Les médias s'enthousiasment et le martèlent dans une belle unanimité: qu'il s'agit bien d'un mouvement insurrectionnel qui a pour mot d'ordre l'instauration de la démocratie et le départ du leader de la Jamahiriya.
Très vite les événements s'accélèrent. Les insurgés soutenus par les puissances occidentales se sentent poussés des ailes et décident d'en découdre avec le régime de Tripoli. 

Les premiers succès militaires de la rébellion 



Dans les premières semaines de la révolte, les insurgés de Benghazi – qui ont réussi à mettre en place un conseil national de transition dirigé l'ancien ministre de la justice de Kadhafi, Mustafa AbdelJalil – obtiennent d'éclatants succès sur le terrain militaire en s'emparant de plusieurs villes du pays (dont les terminaux pétroliers de Brega et de Ras Lanouf).
Portés par un réel enthousiasme et brandissant le drapeau de l'ancienne monarchie – en souvenir du roi Idriss 1er, originaire de Benghazi, renversé en 1969 par le capitaine Kadhafi – les rebelles donnent le sentiment d'être irrésistibles.
Le monde entier applaudit l'exploit et est convaincu que le régime du ''Guide'' libyen vit ses dernières heures (sentiment renforcé par la désertion de plusieurs officiels). La comparaison avec la Tunisie et l'Égypte est alors tentante et la grande majorité des médias français ne vont pas s'en priver.
Chose étonnante durant cette avancée des insurgés, aucun responsable politique ni journaliste ne juge utile de soulever la question du projet politique porté par ses derniers et sur la façon dont ils comptent mener à bien le processus démocratique. Les bons sentiments auront raison de toute analyse critique qui sied dans ce genre de circonstance.

La contre-attaque fulgurante des forces pro Kadhafi



Alors que la rébellion semble en position de force, les troupes restées fidèles au colonel Kadhafi vont opérer un rapide retournement de la situation sur le terrain. Mieux entraînées, mieux équipées et bien commandées, elles reconquièrent toutes les localités tombées aux mains des insurgés (dont on découvre l'inorganisation, l'amateurisme et le très faible équipement militaire). Quelques jours plus tard, elle sont aux portes de Benghazi.
Horrifié, le ''monde libre'' craint alors un véritable bain de sang (d'autant que les menaces proférées par Kadhafi sont sans ambiguïté). C'est la fin du premier acte. Le deuxième acte va voir l'entrée en scène des puissances occidentales volant au secours des insurgés et de leur bastion symbole.

L'entrée en scène de l'OTAN

 

Soucieux de porter secours aux habitants de Benghazi, au nom du sacro-saint droit d'ingérence, l'empire US et ses alliés – en particulier la France qui un jouera un rôle d'animation extrêmement forte – font adopter au conseil de sécurité de l'ONU une résolution leur autorisant à établir une zone d'exclusion aérienne et, de fait, à entreprendre une opération militaire. 
Dès lors la machine militaire otanienne se met en branle et ne va plus relâcher la pression sur le régime de Kadhafi. 
Mais fidèle à elle même, l'OTAN – après avoir réussi à déserrer par des frappes aériennes l'étau qui s'était refermé sur les rebelles et même permettre à ce derniers de reconquérir du terrain – va très vite sortir du cadre de sa mission pour viser directement le leader libyen (quand ça n'est pas les membres de sa famille).
Depuis la propagande anti Kadhafi tourne à plein régime pour tranquilliser nos bonnes consciences. Le leader libyen n'est-il pas ce diable possédant deux cornes et une queue?

La Libye, un enjeu géostratégique
 
 

Hormis les naïfs – ils sont fort nombreux à gauche – qui croient à  la notion de la guerre du bien contre le mal, quiconque prend le temps d'analyser froidement la réalité géopolitique de la Libye comprend très vite que ce qui se joue là bas, ce n'est pas une révolution du jasmin ou celle bon enfant de la place Tahir, mais bel et bien un enjeu géostratégique majeur, avec pour toile de fond les immenses réserves de pétrole que possède le pays.

L'empressement des États Unis, de la France et du Royaume uni à reconnaître le CNT comme unique interlocuteur – en rejetant systématiquement les appels au cessez-le-feu de l'Union Africaine – est beaucoup trop suspect pour s'imaginer qu'il n'obéit qu'à des motifs nobles et démocratiques. La déclaration de l'administration Obama de ne plus acheter le pétrole libyen qu'auprès des insurgés, de même que la visite à Benghazi du sénateur républicain de l'Arizona – connu pour être un défenseur acharné des intérêts américains partout dans le monde – John Mac Cain sont tout sauf des actions de bienfaisance. 
Pour ceux qui y verraient une théorie du complot – expression très à la mode pour disqualifier toute analyse non agréée par la propagande officielle – une vidéo du général Wesley Clark (ancien responsables US des opérations militaires de l'OTAN en Europe) clarifie les choses: http://www.youtube.com/watch?v=d2169sRHNAs.

Une rébellion incapable d'incarner l'unité du peuple libyen



Reçus en grande pompe à Washington, à Paris et à Londres, la rébellion peine à incarner le visage d'un peuple libyen uni autour de sa volonté d'en finir avec le régime dictatorial du colonel Kadhafi (mais pouvait-il en être autrement)?
Car la vérité est que la situation de la Libye n'est nullement comparable à celles de la Tunisie et de l'Égypte. Elle obéit davantage à une logique de rivalités tribales qu'à celle d'une révolution populaire touchant l'ensemble du pays. 

En effet, si les insurgés contrôlent la région de la Cyrénaïque à l'est – où se situe la ville de Benghazi – le Guide libyen tient Tripoli et sa région, la Tripolitaine, à l'ouest (à l'exception de la ville portuaire de Misrata). En outre, ce dernier continue encore de bénéficier du soutien de nombreuses tribus dont les principaux chefs ou membres se sont réunis le 7 mai à Tripoli pour réclamer un cessez-le, une amnistie générale et des négociations (propositions que le Conseil national de transition a rejeté).
Le situation de la rébellion sur le plan intérieur est donc bien plus compliquée et bien plus fragile politiquement qu'il n'y paraît. D'autant que le Conseil national de transition censée l'incarner se distingue par son côté hétéroclite et plus qu'ambigu.

Le rôle ambigu de la France dans la crise libyenne



Le rôle que joue actuellement la France dans la crise libyenne a surpris plus d'un spécialiste. 

En effet, il y a trois ans Nicolas Sarkozy recevait avec faste le colonel Kadhafi qui s'offrit le luxe planter sa tente de bédouin aux abords de l'Elysée. Les deux chefs d'Etats filaient alors le parfait amour. Au demeurant, le Guide libyen n'avait-il pas permis au président français fraîchement élu d'acquérir son premier grand succès diplomatique en accédant à sa demande de libération des infirmières bulgares?
Malgré les protestations des organisations des droits de l'homme, de l'opposition et de la secrétaire d'Etat de l'époque, Rama Yade (sévèrement recadrée pour ses propos peu amènes à son égard), Mouamar Kadhafi put parader en toute quiétude. Ce dernier eut même droit à une visite guidée  à l'assemblée nationale. 

Dès lors comment expliquer le soudain revirement élyséen? Deux raisons tendent à l'expliquer.
La première est qu'en passant complètement à côté des révolutions tunisienne et égyptienne, Nicolas Sarkozy a voulu redorer son blason en lâchant un partenaire encombrant et probablement détenteur d'un lourd secret le concernant (ce dernier aurait financer sa campagne à en croire le fils de ce dernier).
La deuxième raison est qu'un homme va convaincre l'hôte de l'Elysée de faire dans l'excès de zèle. Il s'agit de l'activiste Bernard Henri Lévy. C'est lui qui va jouer les intermédiaires entre la rébellion et le président, au grand dam du ministre des affaires étrangères, Alain Juppé.

Pressé de solder ses comptes avec le Guide libyen, le chef de l'Etat va prendre la tête de la ''croisade'' anti kadhafi (dixit le ministre de l'intérieur, Claude Guéant) et obtenir de l'ONU le principe d'une intervention militaire. 

Depuis la France est fortement engagée dans le conflit libyen, sans trop que l'on sache quels sont les avantages, notamment économiques, qu'elle compter en tirer et combien cette guerre va coûter aux contribuables. 
Pour couvrir ses arrières, Nicolas Sarkozy a  néanmoins pris soin de mouiller la gauche en la faisant approuver une opération militaire dont les objectifs paraissent chaque jour de moins en moins clairs.

Une intervention terrestre inévitable



Après plusieurs semaines de bombardements, le régime du colonel Kadhafi est toujours en place, bien décidé à survivre. Pire, l'incapacité de la rébellion à tirer profit de la puissance de feu de la coalition pour prendre un avantage décisif sur le terrain vient conforter le sentiment d'enlisement.
Dès lors la question d'une intervention terrestre se pose régulièrement. Et c'est d'ailleurs là où le bât blesse.
En dépassant dans les grandes largeurs le cadre de la mission confiée  par l'ONU et en cherchant désormais à éliminer physiquement le leader libyen, sur qui pèse un mandat d'arrêt international pour crimes contre l'humanité, la coalition s'est mise toute seule dans une position délicate. 
En effet, soit elle entreprend une intervention au sol pour en finir avec le régime de Kadhafi et dans ce cas elle va devoir convaincre de la nécessité de l'opération, soit elle entérine, de facto, la partition du pays. Or elle se refuse, pour l'heure, à adhérer à ces deux solutions.
Autant dire que le conflit libyen n'est pas prêt de disparaître de l'actualité.

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